RETOUR

Quelqu’un a disparu. Les autres, ceux qui restent. Ceux qui ressentent la perte. Rendre hommage à quelqu’un qui n’est plus là. Pour effacer, l’espace de quelques heures, l’absence. Le remercier peut-être d’avoir été là, avant. Interroger la mémoire pour en faire émerger des
images, des mots, une voix… Comment rendre compte de la force d’une rencontre, de la persistance de toutes les traces que cette rencontre a inscrit en nous, du fait qu’après, nous ne sommes plus tout à fait le nous d’avant, mais le nous portant en soi l’empreinte de l’autre.
Tenter de donner parole aux souvenirs, les incarner dans le présent, est devenu pour moi la construction d’un « portrait », avec mon corps – éloigné de sa présence matérielle du ici et maintenant car enfermé dans une image vidéo flou – qui danse imbibé par le mouvement de l’autre, ma voix qui prononce ses phrases retrouve ses rires…
D’autres traces: une musique, une paire de chaussures, comme abandonnées là, une très vieille photo… Un chemin rempli de retrouvailles, pour ceux qui connaissent. L’ambiguïté demeure pour autant, entre vestige fictif, reconstruction ou fidélité de la mémoire. Il s’agit certainement là d’un portrait imaginaire, et peut-être avant tout du portrait d’une rencontre
composé par celle qui, après qu’elle ait eu lieu, est encore là pour en parler.

Quelle parole face à l’absence ? Comment dire le ne plus-là ? Comment rendre compte de ces matériaux disparates qui, particules de l’autre inscrites dans notre mémoire cellulaire le rendent vivant au sein même du paradoxe de l’absence…
Le son d’une voix, une intonation particulière, une phrase retenue, un geste, la couleur d’un mouvement, l’intensité d’un regard, la liste est pour ainsi dire infinie.
Sur les traces de T. prend appui sur ce questionnement pour créer un portrait imaginé/imaginaire, une mise en espace de signes de l’autre où se mêlent, tels des vestiges oubliés, objets images citations, un cabinet de mémoire(s) exempt de toute préoccupation de reconstitution philologique – récit sélectif de l’autre et par là même du soi.

Sur les traces de T.
Un poème
Une danse
Une pièce de théâtre
Un récit
La trace d’un geste
Le souvenir d’une phrase
L’évocation d’un rire